Famille BRÜSTLEIN - Notice historique par Ernest MEININGER

La famille BRÜSTLEIN (BRUSTELLIN, BRUSTLY, BRISTLIN, BRÜSTLIN, etc.) compte parmi les plus anciennes du patriciat de l'ex-république de Mulhouse. Pétri et nos autres chroniqueurs la citent parmi les 'Achtbürger' qui, à l'origine, siégaient en compagnie des nobles, dans le conseil de la ville, composée alors de douze membres.

Le premier dont nos annales aient retenu le nom, est Cunin BRUSTELLIN qui, en 1398, faisait partie du conseil et qui devint plus tard, en 1404, bourgmestre de la cité. Il est mentionné dans le livre des tailles (Gewerfsbuch) de l'année 1405, avec Hans et Clewin (Nicolas) BRUSTELLIN. Ce même registre cite, en 1418, encore Lienhart (Léonard) BRUSTELLIN. Quant à Clewin, un document du Cartulaire de Mulhouse (t.I, p.463), l'appelle Clewin BRUSTELLIN von Richenszheim (Rixheim). Faut-il en inférer que les BRÜSTLEIN sont orginaires de ce village, ou Clewin y demeurait-il accidentellement à cette date ? L'absence d'autres documents concernant les noms qui précèdent ne nous permettent pas de préciser leur degré de parenté ; il y a lieu de supposer qu'ils étaient tous les quatre frères ou pour le moins cousins.

Ehrsam, dans son Bürgerbuch, dit que le bourgmestre Cunin BRUSTELLIN de 1440 est le même que celui de 1405. Quoique cela n'est pas impossible, le fait non seulement n'est pas prouvé, mais encore bien douteux. La première magistrature d'une ville n'a été confiée de tout temps qu'à des hommes mûrs, et par l'âge et par l'expérience, et il est alors peu probable que Cunin ait occupé, pour la première fois, les fonctions de bourgmestre avant d'avoir quarante à cinquante ans. Dans ces conditions, c'est sans doute un de ses fils ou un neveu, portant le même nom que lui, qui fut investi des mêmes fonctions trente-cinq ans après. Nous ferons du reste remarquer que nos trois chroniqueurs et le tableau des bourgmestres de l'hôtel de ville ne réunissent pas les deux dates sur un seul nom, comme c'est le cas pour d'autres bourgmestres ayant été en fonctions à deux dates différentes. En 1450, Hans BRUSTELLIN, un autre fils de Cunin Ier, est à son tour bourgmestre de Mulhouse.

D'ailleurs, le XVe siècle est, sous bien des rapports, rempli de lacunes pour l'histoire de notre ville et surtout pour celles de ses familles. Au XVIe siècle, les documents généalogiques sont plus nombreux, et l'on peut, grâce aux registres de baptêmes qui commencent en 1579, établir, à partir de ce moment, la filiation des familles sans interruption jusqu'à nos jours. Le registre des mariages ne date que de 1642, pendant que le livre des décès n'a été inauguré qu'en 1679.

Un heureux hasard nous a cependant permis de fixer la filiation directe des BRÜSTLEIN dès la 3e génération, grâce à la première rédaction de la chronique de Pétri, encore inédite, dans laquelle le chroniqueur a rassemblé sommairement la généalogie d'une vingtaine de familles mulhousiennes, parmi lesquelles figurent les BRÜSTLEIN. Quoique ses données sur ceux-ci soient malheurement trop sommaires, elles nous ont néanmoins suffi pour nous orienter sans erreur possible de 1506 à 1579, où notre besogne devenait alors relativement facile. Nous pouvons par conséquent garantir la filiation directe depuis Heiny, n° 4. Il eut pour fils Hans, n° 6, et pour petit-fils, Mathis, n° 11, suivant Pétri. Hans Heinrich, n° 12, fils de Mathis, eut quatre fils qui parurent devoir former autant de branches, mais deux d'entres elles seulement ont subsisté jusqu'à nos jours. En effet, le plus jeune fils, Hans, n'eut que des filles, et la descendance de Jacob s'éteignit à la troisième génération. Tous les BRÜSTLEIN actuels se divisent donc en deux lignes, nous y reviendrons tout à l'heure.

Nous avons dit que nous garantissons la filiation directe de la famille dès la troisième génération. Nous ne pouvons par contre affirmer aussi absolument la filiation antérieure ainsi que celle des branches lattérales des cinq premières générations, où nous avons dû classer les membres suivant les quasi-certitudes que nous ont donné les documents que nous avons pu consulter. Nous doutons du reste qu'il soit possible d'arriver à un document plus précis.

D'après une tradition de famille, qui nous a été communiquée par la branche de Prusse, une ligne de la famille aurait anciennement été annoblie et aurait possédé le château de Willsperg, près de Phalsbourg. Une Barbara von BRUSTLY, issue de cette ligne, serait morte abbesse des Ursulines de Schlestadt (Sélestat) et aurait été enterrée dans la chapelle du couvent. Plus tard, cette ligne se serait fixée en Angleterre. Nos chroniques alsaciennes et mulhousiennes sont muettes à cet égard, mais un document du Cartulaire de Mulhouse (t.III, p.244-245), fournit au moins la preuve certaine de l'existence de nobles de BRUSTLY, à défaut d'autres renseignements sur eux. Ce document est une lettre adressée par Jean-Frédéric de HAUSS à la ville de Mulhouse, datée du 1er juillet 1468, dans laquelle il la supplie d'épargner son château de Brunstatt, au moment de la fameuse campagne des Confédérés dans le Sungdau. Le porteur de la missive était le chevalier (Herr) Hans BRUSTLY, que HAUSS cite dans sa lettre et qu'il dit avoir chargé de toutes les explications verbales voulues.

Plusieurs BRÜSTLEIN ont joué dans les annales de Mulhouse un rôle marquant. Sans compter les trois bourgmestres qu'ils ont fournis à notre cité, parmi lesquels Hans fit partie, en 1441, de l'expédition contre le château de château de Freundstein, l'histoire assigne en outre une place des plus glorieuses à Martin, fils de ce dernier et aubergiste de la Demi-Lune, qui commanda à la prise de Pavie le contingent de la ville de Mulhouse. Mossmann donne, dans le Cartulaire (t.IV, p.473), le texte de la relation que le capitaine mulhousien adressa au magistrat sur cette affaire, et dans laquelle il dit avoir monté le premier à l'assaut du bastion avancé. Six ans auparavant, il avait signé, comme zunftmestre de la tribu des Bouchers, le traité d'alliance de Mulhouse avec Bâle.

Au moment de la Réforme, Martin reparaît de nouveau en scène, mais en conflit avec le magistrat, qui venait d'accorder l'hospitalité à Ulric de HUTTEN. c'était en 1523. Ses agissements dans cette circonstance lui valurent un procès, suivi de condamnation. Cette première affaire n'eut pas d'autre suite, car, en 1529, nous le voyons siéger comme juge dans la cause des bourgeois et manants de la ville impliqués dans la révolte des paysans. Mais sept ans après, nous le retrouvons encore en conflit avec l'Autorité. A l'occasion d'enrôlements qui se faisaient à Mulhouse, le magistrat avait fait publier dans les tribus une défense de prendre du service à l'étranger sans la permission du conseil. Des bourgeois et des manants ayant contrevenu à cette défense, le conseil donna ordre d'inventorier les biens des récalcitrants. Loin de se soumettre, ils envoyèrent des fonds à Martin BRÜSTLEIN, qui les distribua de maison à maison. Le conseil, assisté des sexvirs (Sechser), confirma alors la première mesure prise à leur égard, et décida que le partage des biens des contrevenants aurait lieu : un tiers serait donné à leurs femmes, et les deux autres tiers échoieraient à la ville. Malgré cela, au retour des bourgeois, sans autre forme de procès, ils reprirent possession de leurs biens. C'était de la rébellion grave que le grand conseil ordonna au prévôt de poursuivre sur le champ. Deux délais de huit jours leur furent cependant accordés, au bout desquels Martin BRÜSTLEIN refusa de répondre en justice, en demandant la constitution d'un tribunal impartial à l'exclusion de tous les membres du conseil. Les prétentions de Martin constituaient une injure grave faite à ses juges, et le grand conseil, réuni pour en délibérer, ordonna l'arrestation immédiate du prévenu. Quand le prévôt voulu mettre cette sentence à exécution, Martin s'escrima avec un couteau, en jurant par la passion de Dieu contre le prévôt et contre ceux qui l'envoyaient. Puis il s'enferma dans sa maison, où plusieurs de ses amis, armés comme lui, le rejoignirent, et d'où ils défièrent les Autorités toute la journée.

On dut alors réunir les corps de métier dans leurs poêles pour prendre de nouvelles mesures. Telle était la surexcitation des esprits chez les partisans de Martin BRÜSTLEIN, qu'on dut mettre à la disposition du conseil, vingt-quatre hommes armés pour protéger les délibérations.

Cependant Martin se retira, les armes à la main, avec son fils Michel et son gendre Joachim BECHTOLT, dans un lieu d'asile, la maison de l'ordre Teutonique, suivant Pétri. Un autre fils de Martin, Hans, fut également mêlé à cette affaire. Le magistrat ordonna, sur ces entrefaites, la fermeture de son hôtellerie. Celle-ci se trouvait sur l'emplacement où s'élève aujourd'hui l'annexe de Taverne WEBER, donnant sur la rue Mercière et ayant porté les noms de Café de la Demi-Lune et de Café du Commerce.

Le conseil de Bâle s'interposa, en décembre 1536, comme médiateur et ses délégués rendirent une sentence par laquelle Martin devait quitter la ville de Mulhouse dans un délai de deux mois, mais avec cette réserve qu'il répondrait en justice à Mulhouse même de toutes les réclamations dont il pourrait être l'objet de la part des bourgeois et des manants (Hintersaess). Son fils Michel et son gendre furent condamnés à une peine d'emprisonnement. En outre, Martin dut s'abstenir de porter des armes pendant ces deux mois destinés à la liquidation de ses affaires et biens, sauf cependant dans le cas où il aurait à se rendre à la campagne. De plus, il dut payer une amande de 20 livres.

A la suite de cette sentence, Martin BRÜSTLEIN quitta effectivement Mulhouse et alla s'établir à Bâle. Au mois d'avril suivant, il eut encore une affaire sur les bras avec tenus sur leur compte, mais elle fut arrangée, ainsi que la première, par l'entremise de Bâle, au mois de juillet 1537. En même temps, le magistrat délivra à Martin BRÜSTLEIN un congé et certificat de bonne conduite qui lui était indispensable pour se faire admettre définitivement bourgeois de Bâle. Dans cette ville, il se fit recevoir à la tribu des Jardiniers (Gartnern), où nous le retrouvons sexvir (Sechser) en 1542. C'est la dernière fois qu'il est fait mention de lui.

Les documents du Cartulaire que nous avons résumés par ce qui précède, ne disent pas explicitement si le fils et le gendre de Martin ont quitté la ville avec lui. Ce qui est certain, c'est que son fils Michel se fit recevoir, en 1538, à Mulhouse, membre de la tribu des Bouchers, mais ne semble pas avoir laissé de postérité mâle. Quand à Hans, différents indices nous permettent d'affirmer qu'il s'est également retiré à Bâle, car nous avons trouvé à l'état civil de cette ville, les naissances mentionnées aux n° 7 et 8 qui, à notre avis, ne peuvent s'appliquer qu'à sa descendance. En effet, Jean BRESTLIN n° 7 et Joachim BRIESTELL n° 8 ne peuvent être que des fils de Hans, qui leur a donné son prénom et celui de son beau-frère. Cette première branche bâloise s'éteignit d'ailleurs avec eux, à moins qu'elle n'ait émigré au loin.

Il nous reste à parler d'un autre BRÜSTLEIN, soit de Daniel n° 10, qui vécut un demi-siècle plus tard et dont la rébellion contre le magistrat eut une fin plus tragique. il avait déjà fait partie de la sédition si connue de 1587, dans l'affaire dite des Fininger, à la suite de laquelle il dut payer une amende de 100 livres. Trois ans après, au moment du coup de main du 13 juin 1590 qui en fut le sanglant épilogue, Daniel BRÜSTLEIN occupait la charge de prévôt. Nos chroniqueurs ont décrit longuement ces déplorables évènements dans lesquels ils ont vus à tort un mouvement exclusivement religieux, tandis qu'il était surtout d'ordre social. Le Cartulaire jette aujourd'hui sur cette période de notre histoire, un jour tout niveau, grâce auquel on s'explique mieux l'exaspération de la bourgeoisie contre une autocratie aveugle et intraitable, qui, avec un peu plus de bonne volonté aurait pu éviter bien des malheurs. Quoi qu'il en soit, Daniel BRÜSTLEIN, au mépris de son serment de fonctionnaire, fit pour la seconde fois, cause commune avec les révoltés et, fait plus grave, abusa de sa situation de prévôt pour fournir aux mutins les clés de la prison et le sceau de la ville pour être apposé sur le message qu'ils adressèrent à Lucerne.

On sait que ce coup de main avorta, grâce au sang-froid de la bourgeoisie qui, dès le lendemain, s'empara des émeutiers. Les cantons protestants informés, envoyèrent immédiatement leurs députés et une cour criminelle procéda sur l'heure au jugement des fauteurs de trouble. La répression fut sanglante. Les vingt-six soudards étrangers embauchés pour la circonstance furent exécutés dès le 17 juin ; neuf jours après, cinq des principaux conjurés, tous bourgeois, furent décapités et puis écartelés, et leurs membres exposés aux quatre endroits les plus fréquentés de la ville ; enfin, le 1er juillet suivant, neuf autres bourgeois eurent également la tête tranchée. Daniel BRÜSTLEIN figure parmi ces derniers qui, sur leurs instantes supplications, obtèrent la faveur d'être enterrés au cimetière des Carmes déchaussés (dans la rue des Champs-elysées actuelle). Matthieu MIEG publie (t.II, p.199-212), le texte des trois jugements, qui contiennent également les dépositions des accusés (dont celle de Daniel BRÜSTLEIN reproduite dans la généalogie d'Ernest MEININGER, p.5).

Les biens des condamnés furent confisqués. Que devinrent les enfants de Daniel, après la mort de leur père ? Il est probable qu'ils ont dû, ainsi que leur mère Marguerite LUDERER, quitter la ville où leur présence ne devait plus guerre être possible, surtout si l'on tient compte du fait que deux autres bourgeois du nom de LUDERER, BECHTOLD et CONRAD (ce dernier fut un des cinq écartelés) figurent parmi les quatorze condamnés à la peine capitale. Ils étaient sans doute des frères ou de proches parents de la femme de Daniel BRÜSTLEIN.

(Source : Généalogie BRÜSTLEIN par Ernest MEININGER).


D'autres membres de la famille BRÜSTLEIN ont occupé des fonctions publiques ou dignes d'être signalées (voir page suivante).

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